let’s see if you can teach me somethin’

Sutton n’était pas une très bonne élève. Pourtant sérieuse et appliquée, au moins dans une certaine mesure, elle pouvait connaître la pratique sur le bout des doigts tout en étant absolument et inexorablement incapable de l’appliquer convenablement. Cette élève était un vrai casse-tête pour ses professeurs. Sa quatrième année avait été difficile dans la plupart des matières, sauf en Botanique, en Soins Aux Créatures Magique et en Étude des Runes où elle excellait, mais presque tous étaient d’accord pour la laisser passer en cinquième année. Seule l’enseignante de Sortilège avait imposé une condition, et pas des moindres : que Sutton soit suivie tout au long de l’année par une élève de septième année, à raison d’une séance par semaine minimum. Sutton n’avait pas eu d’autre choix que de se plier docilement à la consigne mais l’année avait à peine commencé qu’elle regrattait déjà son choix. Alors que tous ses camarades profitaient des derniers rayons du soleil Sutton se dirigeait vers la salle de sortilèges où elle avait rendez-vous avec Ellisadora Burkinson, une Serdaigle que Sutton ne connaissait que de vue.

Les couloirs étaient déserts, Sutton se déplaçait rapidement. Elle avait beau avoir été à Poudard pendant quatre ans, il y avait encore et toujours des détails qui la frappait. Comme ce tableau à l’encadrement doré qui semblait être à plusieurs endroits, pas le personnage, les personnages se déplacent, c’est connu, mais bien le tableau. Sutton s’arrêta devant l’occupant du tableau et ne put s’empêcher de le fixer un instant. « Qu’est-ce que tu regardes ? » Sutton soutint le regard de l’homme. « Tu es partout, n’est-ce pas ? » L’homme répondit par un clin d’œil et sortit du tableau.

Sutton vérifia qu’elle avait sa baguette dans sa manche et entra dans la salle de sortilèges. C’était une des plus grandes salles de cours. Les tables étaient disposés en gradins, la porte donnait sur un escalier central, les rangées de tables de chaque côtés, qui descendait vers une grande zone en bas où se trouvait, à droite, un tableau d’une taille impressionnante et une zone aménagée où des dizaines d’étudiants pouvaient pratiquer leurs sortilèges sur la gauche. La seule fenêtre était face de l’escalier. Malgré sa taille assez imposante, la salle était peu éclairée, les rayons rasants du soleil couchant arrivant à peine à s’introduire dans la pièce. Il régnait dans l’air une odeur de poussière mélangée à une effluve d’un fort parfum féminin à la lavande. Sutton déposa son sac sur une table près de l’escalier à mi-hauteur des gradins avant de descendre pour entreprendre en vain d’ouvrir la fenêtre pour aérer.

Je suis dans la salle de classe du cours de sortilèges, sans aucune doute mon endroit préféré dans tout Poudlard. L'endroit où la magie s'exerce vraiment... L'endroit où tout mon savoir-faire peut s'exprimer, où je peux être une vraie sorcière. Certains sorciers ne se sentent pas plus sorciers que lorsqu'ils sont sur un balais. Moi les balais ne me font aucun effet... C'est ma baguette magique qui me donne cette adrénaline. J'ai l'impression qu'avec elle je peux tout faire et en effet je suis à niveau auquel je peux produire presque tous les sorts jamais inventés.

La salle de sortilèges est spacieuse et belle. Les murs sont ensorcelés de telle manière à pouvoir résister aux sorts ratés que lanceraient les élèves. Ces murs sont magiques... Ils respirent l'histoire. Comme tout le château d'ailleurs. Il faut dire qu'après avoir vécu une guerre, il n'y a rien d'étonnant à respirer l'histoire. Dans les manuels on raconte qu'entre ces murs la guerre entre Harry Potter et Lord Voldemort a été remportée par le premier. Poudlard est un lieu symbolique, important dans l'histoire des sorciers du monde entier.

C'est alors que j'étais plongée dans mes pensées que j'entendis des pas derrière mon dos. Ma jeune élève venait d'arriver. Mademoiselle Castrum m'avait demandé de prendre une jeune élève de Poufsouffle sous mon aile. Un fléau m'avait-elle dit. J'aime ça, les fléaux. Ils sont de grands défis et quoi de mieux pour m'entraîner à ma future profession de professeur de sortilèges ? Mademoiselle Castrum m'avait décrite Sutton Young comme une élève de bonne volonté qui n'y arrivait simplement pas. Un peu rebelle aussi m'avait-elle confiée... Nous allons donc voir cela. Je me retourne et lui souris.

Bienvenue Sutton ! Je m'appelle Ellie et avec moi tu vas apprendre à maîtriser les sortilèges

© POLLO

La fenêtre refusait de s’ouvrir. Pourtant, un peu d’air frais aurait bien été utile dans cette salle. Elle n’avait certainement pas été aérée de tout l’était et cela se ressentait. Sutton avait beau appliquer toute sa force sur la poignée, celle-ci ne tournait pas. « Bienvenue Sutton ! » Sutton sursauta. La voix venait de derrière elle. Elle n’avait pas remarqué la présence de la jeune fille et elle fut surprise par ce son jaillissant de nulle part. Tellement surprise d’ailleurs qu’elle avait dû tirer sur la poignée avec une force insoupçonnée car cette dernière se détacha du montant de la fenêtre pour se retrouver dans sa main. « Je m'appelle Ellie et avec moi tu vas apprendre à maîtriser les sortilèges. » Oh, sa tutrice était déjà là ! Et Sutton avait déjà cassé quelque chose ! Sans même utiliser la magie, cela commençait très fort. La jeune fille se retourna et se retrouva face à face avec la dénommée Ellie. Elle était à peine plus grande qu’elle. Des cheveux foncés, longs et des yeux bleus. Une jolie fille. Sutton paraissait un peu gênée lorsqu’elle salua à son tour Ellie. « Bonsoir. » Un sourire s’esquissa sur son visage.

Baissant les yeux vers ses mains tenant encore la poignée qu’elle venait juste d’arracher à la fenêtre, les joues de Sutton virèrent au rouge. Sutton était très maladroite, et en général, elle évitait de toucher à quoi que ce soit pour être sûre de ne pas faire de gaffe. Elle tourna la poignée dorée entre ses doigts, se mordit la lèvre inférieure en la montrant à Ellie et ajouta à voix basse : « Je… C’est cassé. » Il existait un sortilège pour réparer, mais Sutton était à présent tellement embarrassée qu’elle n’était même pas sûre de réussir un Reparo, étant pourtant un sort très basique. « Il doit y avoir un sortilège pour ça non ? »

Sutton se retourna vers la fenêtre, maintint la poignée ovale à l'endroit où elle devait se trouver attachée et se concentra. Elle avait sorti sa baguette de sa manche. L'objet était en bois blanc comme la neige immaculée et mesurait dix-huit centimètres. Sutton sentait le pouvoir de l'objet, elle avait simplement l'impression que la magie ne venait que de lui, et pas du tout d'elle. Elle se sentait comme un moldu qui joue avec un bout de bois. Sans grande conviction, respira profondément et articula : « Reparo ! » Des filaments de bois jaillirent de l'encadrement de la fenêtre et virent attraper la poignée. Sutton ne put s’empêcher de laisser échapper un petit cri d'étonnement mêlé à une once de fierté. Mais les réjouissances furent de courte durée car déjà la poignée se détachait à nouveau. Sutton la rattrapa au vol et se tourna penaude vers Ellie. Elle haussa les épaules et avec une mauvaise foi exemplaire, elle affirma : « Je pense que cette fenêtre n'a juste pas envie d'être réparée ! »

Il semble que j'ai surpris la jeune Sutton qui était visiblement occupée à essayer, je dis bien essayer, de réparer la fenêtre défectueuse de la salle de Sortilèges. Elle ne le sait sans doute pas mais les fondateurs de Poudlard ont conçu cette fenêtre pour être défectueuse. Ainsi, les élèves, ayant peur de se faire gronder par le professeur, étaient obligés de s'entrainer au reparo. Jusqu'ici cette technique n'avait jamais manqué à sa réussite. Malheureusement je suis arrivée trop tôt pour que mon élève puisse elle aussi apprendre par elle-même le sort du reparo. Ce n'est pas grave, je l'y aiderai.

Je pense que cette fenêtre n'a juste pas envie d'être réparée !

Elle semblait embêtée, gênée. Cette attitude me plait, elle signifie que ce n'est pas une élève qui s'en fiche, une élève qui se dit que quelqu'un le réparera bien à sa place. Un professeur sait tout de suite s'il arrivera à progresser avec son élève et il me semble que Sutton Young m'apportera autant que j'espère lui apporter.

Tu vas y arriver !

Je m'avance vers la fenêtre défectueuse, sors ma baguette magique et m'emploie à faire un parfait reparo. Elle semble soulagée. Si elle pense qu'elle en a fini avec cette fenêtre, elle se trompe ! Je tire un bon coup dessus et voilà qu'elle se casse à nouveau sous le regard éberlué de mon élève.

C'est à ton tour Sutton ! N'oublie pas, tu dois visualiser le résultat de ton sort. Tu dois maîtriser les éléments autour de toi et ta baguette est ton outil, ton amie. Donne un ordre à la fenêtre, fais-la t'obéir.

© POLLO